Gobelets en carton vs plastique : quand le mieux est l'ennemi du bien
January 20, 2024
Dans notre quête d’alternatives plus écologiques au plastique, nous nous tournons naturellement vers des solutions qui nous paraissent évidentes. Les gobelets en carton en sont l’exemple parfait : visuellement, ils évoquent le naturel, le biodégradable, l’écoresponsable. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée, et illustre parfaitement l’adage “le mieux est l’ennemi du bien”.
L’illusion du gobelet “carton”
Quand vous tenez un gobelet en carton rempli de café chaud entre vos mains, vous avez l’impression de faire un geste pour la planète. Après tout, le carton provient du bois, une ressource renouvelable, et se dégrade naturellement. Cette perception n’est pourtant qu’une façade.
La réalité technique : un gobelet dit “en carton” ne peut pas être uniquement en carton. Pour être étanche aux liquides, chauds ou froids, il doit être imperméabilisé. Cette imperméabilisation s’effectue par l’application d’un film plastique à l’intérieur du gobelet.
La face cachée : films plastiques et PFAS
Le film plastique dissimulé
Ce film plastique, généralement en polyéthylène (PE), représente environ 5 à 10% du poids total du gobelet. Bien qu’invisible à l’œil nu, il transforme fondamentalement la nature du produit :
- Le gobelet devient un matériau composite carton-plastique
- Il n’est plus biodégradable dans les conditions naturelles
- Son recyclage devient complexe, nécessitant des filières spécialisées
Les PFAS : des substances encore plus problématiques
Certains fabricants utilisent des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) comme alternative au film plastique pour imperméabiliser leurs gobelets. Ces “polluants éternels” présentent des risques encore plus importants :
- Persistance environnementale : les PFAS ne se dégradent pas naturellement
- Bioaccumulation : ils s’accumulent dans les organismes vivants
- Toxicité : suspectés d’effets cancérigènes et de perturbation endocrinienne
- Migration : ils peuvent migrer du contenant vers le contenu, notamment avec la chaleur
Le paradoxe environnemental
Cette situation illustre un paradoxe majeur de l’écoconception : la recherche d’une solution “plus verte” peut conduire à créer un problème environnemental plus complexe que l’original.
Comparaison objective : gobelet carton vs gobelet plastique
Critère | Gobelet plastique (PP/PS) | Gobelet carton + film PE | Gobelet carton + PFAS |
---|---|---|---|
Ressources | Pétrole | Bois + Pétrole | Bois + Chimie de synthèse |
Recyclabilité | ✅ Filières existantes | ❌ Complexe, peu de filières | ❌ Quasi-impossible |
Biodégradabilité | ❌ Non | ❌ Non (film plastique) | ❌ Non (PFAS persistants) |
Toxicité | ✅ Inerte en usage normal | ✅ Inerte en usage normal | ❌ Migration possible de PFAS |
Impact carbone | Moyen | Élevé (double transformation) | Très élevé |
Les vraies solutions alternatives
Face à ce constat, plusieurs pistes méritent d’être explorées :
1. L’optimisation du plastique traditionnel
- Réduction de l’épaisseur des gobelets plastiques
- Amélioration des filières de recyclage existantes
- Sensibilisation des consommateurs au tri sélectif
2. Les matériaux réellement innovants
- PLA (acide polylactique) pour des gobelets compostables industriellement
- Fibres moulées sans revêtement pour des usages à froid
- Matériaux à base d’algues encore en développement
3. Le changement d’usage
- Gobelets réutilisables : la solution la plus efficace
- Systèmes de consigne pour encourager la réutilisation
- Fontaines à eau pour réduire les besoins en contenants jetables
Notre approche pragmatique
Chez Laboratoires Industriels Pichot, nous privilégions une approche pragmatique de l’écoconception :
- Analyse du cycle de vie complet : de la matière première à la fin de vie
- Transparence sur les matériaux : pas de “greenwashing” par l’apparence
- Optimisation des solutions existantes avant de chercher des alternatives complexes
- Accompagnement de nos clients vers les meilleures solutions selon leur usage
La leçon à retenir
L’exemple des gobelets en carton nous enseigne que l’apparence écologique ne garantit pas l’impact environnemental. Parfois, une solution plastique assumée et optimisée peut s’avérer plus responsable qu’une alternative qui dissimule sa complexité derrière une façade “naturelle”.
Cette réflexion ne vise pas à décourager l’innovation ou la recherche d’alternatives, mais à rappeler l’importance :
- D’une analyse rigoureuse des impacts réels
- De la transparence envers les consommateurs
- D’une approche holistique considérant l’ensemble du cycle de vie
Dans le domaine du packaging écoresponsable, il n’y a pas de solution miracle, mais des compromis éclairés à faire selon chaque usage spécifique.
Vous souhaitez analyser l’impact environnemental réel de vos emballages ? Contactez-nous pour un accompagnement personnalisé.