Packaging Bio, ça veut dire quoi en pratique ?
December 14, 2019
Un aliment bio, un consommateur sait ce que cela veut dire. C’est un aliment sans pesticide, sans OGM, en tout cas à 99%. Quand on achète du bio, on souhaite bénéficier d’un produit le plus naturel, le plus éco-responsable possible.
La grande majorité de nos clients fabriquent et commercialisent des compléments alimentaires. Un complément alimentaire bio, le consommateur sait aussi ce que cela veut dire. Les ingrédients qui le composent sont bio, la gélule qui le contient est aussi fait en utilisant des ingrédients naturels sans toxicité pour le corps.
Mais qu’en est-il pour le packaging bio ? Qu’est-ce cela veut dire ? Quand le fabricant de compléments alimentaires conçoit et fabrique un produit bio, il souhaite apporter au consommateur final un message clair en étant 100% bio, à la fois sur les ingrédients, sur les gélules, et sur le packaging. Cependant, il existe aujourd’hui une ambiguïté sur la signification de packaging bio. En terme de provenance, de biodégradabilité, et d’éco-responsabilité. On pourrait aussi parler d’éco-responsabilité en terme de recyclabilité, mais ceci sera le sujet d’un autre article sur ce blog.
Biosourcé
Biosourcé = issu de la biomasse. Prendre des végétaux comme matière première (déchets verts de maïs, de canne à sucre, …) au lieu de pétrole
Il arrive de lire sur un flacon en plastique : “bioplastique”. Qu’est-ce que cela vous évoque ? Est-ce que ce packaging est biodégradable, est-ce qu’il est biosourcé, est-ce que cet emballage est composé de molécules de plastique, ou est-ce autre chose ? Au mieux, c’est une ambiguïté dû à un manque d’information, au pire, c’est une pure tentative marketing synonyme de “vous pouvez acheter ce produit car son packaging est écoresponsable, bio, green”. En pratique, ce n’est pas aussi simple. Aujourd’hui, pour beaucoup de packaging : bioplastique = biosourcé, c’est à dire qu’en comparaison d’un packaging en plastique traditionnel, il ne provient pas du pétrole, mais des déchets verts comme la canne à sucre, et l’amidon de maïs. La source n’est pas la même mais le résultat final est bien le même : un pack bio reste très souvent un plastique. Le même plastique que d’habitude (souvent du polyéthylène (PEHD triangle 2, PEBD triangle 4, PET triangle 1) ou du polypropylène (PP triangle 5)).
L’avantage de cette solution, c’est qu’elle est “zéro pétrole”, et qu’elle consomme moins les ressources de notre planète (elle en consomme tout de même car il faut de l’énergie pour réaliser la transformation des déchets verts en billes de bioplastique). ZUn autre avantage majeur, est que l’on reste dans le monde du plastique traditionnel, avec ses filières de recyclage déjà en place dans les pays développés qui permettent la valorisation des emballages dans une économie circulaire. Le challenge de cette solution est, comme les biocarburants, d’assurer que leur développement ne vienne pas en compétition avec les denrées alimentaires. En effet, si on réserve une partie des surfaces cultivables à la culture de canne à sucre afin de fabriquer des biocarburants et des bioplastiques, il se peut que les prix des denrées alimentaires augmentent (selon la loi de l’offre et la demande), ce qui peut poser des problématiques d’écoresponsabilité.
BRASKEM a mis en ligne (octobre 2019) une vidéo intéressante expliquant le processus complet de fabrication de PE green à partir de canne à sucre. RESINEX, le distributeur de BRASKEM résume la vidéo ainsi :
- La canne à sucre n’est pas produite dans les zones de forêt tropicale mais dans les régions de plaines cultivables (=pas de déforestation en Amazonie)
- Le jus des premières pressions est destiné à la production de sucre alimentaire (=pas de compétition avec les denrées alimentaires)
- Le sucre résiduel issu des dernières pressions est utilisé pour la production d’éthanol qui donnera du biocarburant et du PE green
- Le résidu final restant est utilisé comme combustible pour produire de l’électricité et comme fertilisant pour l’agriculture
Biodégradable et Compostable
Compost = engrais formé par le mélange fermenté de débris organiques avec des matières minérales.
Biodégradable = susceptible d’être dégradée par des organismes vivants dans la nature
Compostable = que l’on peut transformer en compost. Caractère non toxique d’un matériau décomposé dans le cas où il est relâché dans la nature.
En terme de biodégradabilité et de compostage, la directive européenne relative aux emballages (94/62/EC) précise les points suivants :
Annexe II, 3.
Exigences portant sur le caractère valorisable d’un emballage
c)
Emballage valorisable par compostage. Les déchets d’emballages traités en vue du compostage doivent être suffisamment biodégradables pour ne pas faire obstacle à la collecte séparée ni au processus ou à l’activité de compostage dans lequel (laquelle) ils sont introduits.d)
Emballage biodégradable. Les déchets d’emballages biodégradables doivent être de nature à pouvoir subir une décomposition physique, chimique, thermique ou biologique telle que la plus grande partie du compost obtenu se décompose finalement en dioxyde de carbone, en biomasse et en eau.
Article 3, 9)
«recyclage organique», le traitement aérobie (compostage) ou anaérobie (biométhanisation), par des micro-organismes et dans des conditions contrôlées, des parties biodégradables des déchets d’emballages, avec production d’amendements organiques stabilisés ou de méthane. L’enfouissement en décharge ne peut être considéré comme une forme de recyclage organique.
En résumé, un emballage compostable doit être mélangé avec d’autres déchets verts compostables sans gêner le processus de décomposition par les organismes vivants. Le résultat final doit être de l’engrais. La norme EN13432 version 2002 permet de répondre à la directive 94/62/EC. Elle demande notamment que 90% des déchets soient dégradés en 6 mois dans des conditions riches en CO2 (dans une situation de compostage).
La TUV, organisme de certification autrichien, délivre 2 certifications différentes :
- ok compost HOME
- ok compost INDUSTRIEL
La norme ok compost INDUSTRIAL garantie que l’emballage est biodégradable dans un centre de compostage industriel. Aujourd’hui, il est possible de trouver des solutions de packaging ok compost INDUSTRIAL pour les projets de cosmétiques, de compléments alimentaires bio, etc. La matière utilisée est le PLA (ou PolyLactique Acide). Cliquer ici pour en savoir plus sur le PLA, ses avantages et ses inconvénients pour le packaging.
Pour la fin de vie de ces emballages certifiés ok compost INDUSTRIAL, il existe plusieurs cas de figures. Soit l’emballage est collecté dans une benne spéciale pour les déchets verts (plusieurs villes en France ont déjà ce système de collecte), soit l’emballage est mis dans la poubelle noire traditionnelle, avec les déchets incinérés ou enterrés. Le recyclage des matières biodégradables est un challenge, car il n’existe aujourd’hui pas de standard.
La norme ok compost HOME est plus stricte, elle signifie que l’emballage peut être mélangé dans le compost domestique, celui que vous avez au fond de votre jardin, ou dans votre lombricomposteur d’appartement, et il se dégradera en quelques mois (processus plus lent et dont la durée est variable en fonction des conditions de compostage dans votre jardin). Ce niveau de biodégradabilité est un challenge pour les matières disponibles en quantités industrielles. Un challenge pour lequel des solutions innovantes commencent à voir le jour, comme Evanosto, un additif développé par une filiale de Limagrain, Carbiolis, en Auvergne. Un autre article lui sera consacré dans ce blog.
Pour information, la TUV délivre aussi d’autres types de certifications, qui peuvent se cumuler ou non, comme bio-based (biosourcée), OK-biodégradable (en version mer, terre et eau douces). Pour en savoir plus, voir le site de la TUV.
Résumé Packaging Bio
En résumé, un packaging bio est biosourcé et/ou biodégradable. S’il est biodégradable, il est compostable, soit certifié ok compost INDUSTRIAL, comme les emballages que nous fabriquons aujourd’hui
soit certifié ok compost HOME, que nous pourrons peut-être proposer demain, notamment avec l’additif Evanosto. S’il n’est pas biodégradable, c’est qu’il est surement biosourcé, comme la matière que produit “BRASKEM I’m Green” ©. Ce plastique biosourcé restant du plastique, nous pouvons le transformer en emballage de la même façon que le plastique traditionnel.
Matières | Avantage | Inconvénient |
---|---|---|
plastique biodégradable | pas de 7e continent, même en cas de mauvaise utilisation | disponibilité (possibilité de rupture dans l’approvisionnement des clients), moins d’effet barrière, pas recyclable aujourd’hui |
plastique traditionnel | recyclable (poubelle jaune) | pas biodégradable, éducation de l’utilisateur nécessaire pour favoriser le recyclage et éviter la toxicité dans l’environnement |
plastique biosourcé | recyclable (poubelle jaune), empreinte carbone réduite | pas biodégradable + possible concurrence avec la nourriture (surfaces cultivables limitées sur terre) |